La version qui n'intéresse personne

04/02/2024

Je suis allée au Salon du Livre à Québec le vendredi 12 avril 2024 par pur intérêt personnel. C'était la première fois que j'y assistais. Cette année, j'ai participé aux prix littéraires des collégiens avec des amis du Cégep. J'ai grandement apprécié cette expérience : partager nos intérêts littéraires et débattre sainement en groupe à propos des livres fulgurants fut une expérience formatrice. La remise du prix a eu lieu au salon du livre, et l'excitation était palpable. La majorité pensait que le livre gagnant serait Ce que je sais de toi d'Éric Chacour, mais c'est avec grande surprise qu'Emmanuelle Pierrot a remporté le prix ainsi que la bourse de 5000 $. Ce moment était émouvant, car elle le méritait amplement. Son histoire, bien que fictionnelle, a su bouleverser plusieurs lecteurs. Toutefois, lors de ses remerciements, elle a dit « merci de m'avoir cru », suscitant ainsi des questions sur la véracité de son texte et les propos fictifs : est-ce de l'autofiction ? Le pacte de lecture s'est brisé à ce moment précis.

La version qui n'intéresse personne, c'est bien évidemment le contraire. L'autrice raconte la vie d'une communauté habitant au Yukon. Sexe, drogues, absence d'hygiène, trahisons, hypocrisie, sont tous des thèmes bien présents dans ce gros roman, riche en émotions. Sacha, bouc émissaire de cette histoire, se rendra à la fin de sa curiosité juste pour voir où elle peut aller. Dans ce récit bouleversant, l'auteur réussit à garder un propos féministe sans jamais le mentionner aux lecteurs. On peut voir la protagoniste comme l'exemple parfait d'une victime du patriarcat et des relations malsaines entre femmes. Malgré un début un peu long, on comprend rapidement son utilité vers la fin du récit. C'est unanime, ce livre chamboule la majorité des lecteurs.

Pour ma part, j'ai lu ce roman lorsque j'étais à Montréal, il faisait gris et je n'étais pas dans un état mental approprié pour démarrer ma lecture. J'ai trouvé ma lecture lourde, très lourde. Au premier abord, je n'ai pas aimé, mais après maintes réflexions, il m'a suivi plusieurs jours dans ma tête après avoir tourné la dernière page. C'était une lecture nécessaire et j'ai appris plusieurs choses sur le mode de vie des personnages et le paysage du Yukon. Je recommande ce livre à tous ceux qui veulent être pris aux tripes, qui veulent s'évader de la réalité, car dès les trois premières pages, on s'immerge aisément dans le paysage du Yukon, les blagues de Mike Ward, la saleté de son environnement, des relations toxiques et sa chienne Luna. En résumé, je suis très heureuse qu'une femme ait remporté ce prix cette année avec une histoire aussi authentique et sincère.

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